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Hommage à André Schimmerling Luciana de Rosa 14.01.2006
Il n’est pas facile pour moi de vous parler d’André Schimmerling, même si je le connais depuis longtemps et si j’ai eu beaucoup d’occasions de collaboration à sa revue, ce fameux Carré Bleu dont André a été le seul directeur depuis toujours: un personnage, André, très intéressant, qui a eu la capacité de dédier sa carrière et, je dirais, sa vie, à la vie d’une petite revue en lui permettant de durer pendant plus de 40 ans, sans perdre son intérêt au niveau international, même si l’expression typographique, la dimension, le caractère des contributions ont beaucoup changé pendant ces quarant’ans. Ce qui n’a pas changé, et qui est à la base de notre rencontre d’aujourd’hui, est la philosophie de la revue, la conception de l’architecture et de la ville, de l’urbanisme, de la société et des relations qui les tiennent ensemble. C’est un record, et la question est sans doute comme cela a été possible ? Pour avoir un cadre de ce qui a été la vie de André, il faut dire que il est né à Temesvar le 31 janvier 1912 (ville d’Hongrie à cette époque, devenue Roumaine en 1920) au sein d’une famille faisant partie de la bourgeoisie juive, depuis longtemps installée dans cette ville. Après son baccalauréat, dans sa ville natale, son premier choix a été pour les études de droit à la Sorbonne. Après son diplôme en droit, à Montpellier, il travaille de 1932 à 1935 comme interprète chez Patrick Geddes, urbaniste écossais, dont la connaissance sera un point important de la formation d’André - architecte et d’une partie des idées à la base de la philosophie du C.B. Après un cour séjour en Roumanie, en 1938, en suivant son vrai intérêt, il commence ses études à l’école spéciale d’architecture, mais son parcours est interrompu en 1941 par la deuxième guerre mondiale. Ces années d’étude ont été très importants pour lui, soit pour son contact avec un réseau de jeunes architectes qui l’introduirent dans la Résistance, soit pour sa collaboration à l’Architecture d’Auhourd’hui. En 1951 André Schimmerling se déplace en Finlande, ou il travaille dans un bureau d’architecture d’Helsinki et après en Israël, ou il trouve sa famille à Tel Aviv et travaille pour deux ans avec l’architecte Artur Gilkson. Après avoir rencontré la poétesse finlandaise Tyyne Saästamoinen, qui devient son épouse en 1954, son centre d’intérêt et d’activité se re-déplace à Helsinki ou il rencontre Aulis Blomstedt. Le travail dans son agence le met en contact avec les membres finlandais du groupe des CIAM : Reima Pietilä, Heijo Petäjä, Kyösti Alander et le même Aulis Blomstedt: avec ce petit groupe et Tyyne, sa femme, André est l’un des fondateurs du Carré Bleu, feuille internationale d’architecture et, dès le début, son directeur. Une petite parenthèse pour dire que la présence la plus importante dans la vie de André est sans doute celle de Tyyne, dont la vie, comme celle d’André, est marquée par une série d’événements complexes et entrelacés. Je la connaissais bien: elle était une grande poétesse, très bien connue autant dans son pays qu’à l’étranger; il faut rappeler cette femme parce que elle a été sans doute le premier soutien moral de la vie d’André et de celle du Carré Bleu. In 1959, à l’occasion du Congrès des CIAM à Otterlo, André rencontre les jeunes architectes qui deviendront le cœur de ce que nous tous connaissons comme le Team X, un groupe non formalisé d’architectes qui existe depuis la dissolution des CIAM. En réalité le nom du Team X existe depuis 1954, quand le même groupe – ou mieux un groupe plus large - de jeunes architectes fut chargé de l’organisation du dixième congres des CIAM, tenu finalement à Dubrovnik en 1956. Même si jamais décidé ou annoncé officiellement, ce nom a, depuis lors, designé ce groupe de jeunes architectes, très actif à l’intérieur des CIAM jusque au Congrès de Otterlo, en 1959, autonome, et de composition réduite, après cette date. Grâce à de relations privilégiées avec ce groupe sur de thèmes particuliers d’architecture et d’urbanisme, André leur ouvre les portes du carré bleu, déplacé de Helsinki à Paris, en formant ce cercle de rédaction, pour ainsi dire, tout à fait spécial, en mettant ensemble le groupe des finlandais et ce des autres européens, cercle de rédaction qui a permis la durée de cette revue pour plus de quarante ans. Une fois retourné à Paris, en 1962, Schimmerling fut invité par Candilis à rentrer dans leur agence ou il prit en charge une partie des projets en cours et en particulier les études pour la transformation de la côte Languedoc/Roussillon, ce qui l’amené à Montpellier, avec sa famille, en 1963. A Montpellier, sans jamais arrêter son travail pour le Carré Bleu, André reprend ses contacts avec Patrik Geddes et, en 1968, devient prof à l’école d’architecture ou il assure un cours sur les problèmes communaux d’Architecture et d’Urbanisme. Une deuxième parenthèse est nécessaire pour souligner que la formation, les rencontres, l’histoire du team X, ce groupe à géométrie variable, sont liés seulement à des histoires personnelles, des occasions imprévisible, des événements dont n’existent pas de traces officielles: ce qui fait le mythe du team X, son caractère le plus attractif, qui en même temps rend difficile d’en tracer l’histoire. Le rôle le plus important du Carré Bleu, et donc de André, qui a toujours mise à point la philosophie de la revue, est d’avoir suivi, organisé, rapporté la production, le travail, les projets de ce groupe d’architectes, jusque à sa dissolution (1981, avec la disparition de Bakema ou plus tard, si l’on y inclue les rencontres qui sont venu après). Ce rôle est important parce que un regard à la collection complète du CB rend compte des questions qui occupent les rencontres et le débats du Team X et ces questions sont encore importantes aujourd’hui, même si les réponses sont souvent très différentes. Quand j’ai commencé ma collaboration avec la revue j’étais très jeune et je cherchais partout des possibilités d’élargir mes points de vue sur l’architecture et sa possibilité d’avoir un rôle dans la vie des hommes et dans l’organisation des villes. C’est la que j’ai compris que la collaboration à une revue comme le Carré Bleu pouvait avoir une valeur importante et c’est la que j’ai commencé à me déplacer à Paris pour participer aux réunions du Carré Bleu. C’est alors que j’ai rencontré plus souvent André et pour la première fois Philippe Fouquey, rédacteur en chef et Claire Duplay, son bras droit, pour ne pas dire ses deux bras. C’était un petit groupe de travail, travail toujours bénévole, qui était obligé à tout savoir faire: le choix des contributions, l’écriture, la composition de la revue, le transport à l’imprimerie, la mise dans les enveloppes et l’envoi aux abonnés, partout en Europe. Souvent c’était André, qui avait la capacité et l’énergie de concevoir et réaliser un numéro tout seul : et je pourrais vous en citer pas mal d’exemples, le dernier étant un numéro très intéressant sur la ville et la voiture à l’époque ou les villes françaises commencèrent à comprendre l’importance des systèmes piétons et à demander des heures de clôture des rues les plus importantes aux voitures: pour avoir des piétons, des enfants, de cours à pied, de l’air moins pollué. Depuis lors, mais encore aujourd’hui je me suis posé la question de comprendre comme a été possible la durée de vie de plus de quarant’ans pour une organisation de cette petite dimension pour achever une revue de la portée du Carré Bleu. J’ai commencé à participer toujours plus activement a ce travail jusqu’à prendre en charge la préparation de deux numéros sur l’architecture durable en Europe, au moment ou Philippe, pour une période d’après près deux ans, n’a était plus en mesure de faire son boulot et Claire n’était plus disponible. Et j’ai compris, définitivement, que le moteur de ce que j’ai appelé miracle n’a été que l’intelligence, la force, la passion et la volonté d’André Schimmerling. Serons nous capables de continuer son chemin sur les thèmes nouveaux de notre contemporanéité ?
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